فرانسکده *** Centre Francophone

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Langue, littérature, culture et civilisation françaises
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ترجمه‌ی فرانسوی شعر «آیه‌های زمینی» فروغ فرخزاد

Les versets terrestres

Un Poème de Forough Farrokhzad

Traduit du Persan par Mohammad Rajabpur

 

Alors

Le soleil se refroidit

Et l’abondance s’en alla des terres.

 

Les arbustes séchèrent aux déserts

Et les poissons moururent aux mers

Ensuite la terre ne reçut plus les morts. 

  

Dans toutes les fenêtres affadis,

La nuit faisait rage et se rebellait

Comme une chimère méfiante sans arrêt;

Et les routes abandonnèrent

Leurs bouts dans le noir.

 

Personne ne pensa plus de l’amoure;

Personne ne pensa plus de la gloire;

Et personne ne pensa plus de rien.  


Dans les cavernes de la solitude,

La vanité naquit ;

Le sang sentait l’opium et le chanvre indien;

Les femmes enceintes donnèrent naissance

Aux bébés décapités ;

Et les berceaux se réfugièrent dans les tombes

D’un air penaud.


Quelle époque amère et sombre!

Le pain avait vaincu

La force miraculeuse de la prophétie;
Les pauvres prophètes affamés

S’échappèrent des lieux saints

Et des abris de Dieu;

Et les agneaux perdus de Jésus

N’entendirent pas le chant funèbre du pasteur

Dans l’étonnement du désert.

 

Selon toute apparence,

Dans les yeux des miroirs,

Les mouvements, les couleurs, et les images

Se reflétaient en sens inverse;

Et une auréole sainte et lumineuse

Brûlaient comme un parasol en flammes

Au-dessus des têtes des clowns méprisés

Et au-dessus des visages repoussants des prostituées.

 

Les marais d’alcool,

Dégageant des vapeurs méphitiques et toxiques,

Tirèrent dans leur profondeur

La masse immobile des intellectuels;

Et les souris nuisibles

Mâchonnèrent les pages dorées des livres

Conservés dans les caisses anciennes.   


Le soleil fut éteint,

Le soleil fut éteint, et Demain

Fut une idée vague et perdue

Dans les têtes des enfants.

 

Ils dessinaient l’étrangeté

De ce mot obsolète

Avec une tache noire

Dans leurs devoirs.

Les gens,

La bande renversée des gens

Déprimés, sidérés, et épuisés,

Erraient en exil

Sous le poids néfaste de leurs cadavres ;

Et le désir douloureux du meurtre

Se gonflaient dans leurs mains.

 

Parfois une étincelle insignifiante

Tout d'un coup, de l'intérieur

Brisa cette société silencieuse sans vie;

Ils s'attaquaient,

Les hommes se coupaient la gorge

Avec un poignard,

Et dans un lit de sang

Ils dormaient avec

Filles immatures.

Ils furent obsédés par la terreur

Et le sens effrayant du péché

Avait paralysé

Leurs âmes aveugles et stupides.

Toujours pendant l'exécution

Quand la corde suspendue sortait

Les yeux convulsifs d'un détenu

Ils étaient perdus dans leurs pensées

Et leurs nerfs vieux et fatigués

Souffriraient d'une fantaisie lubrique;
Mais on voyait toujours

Ces petits assassins debout

Regardant fixement

La chute constante des fontaines.

 

Peut-être encore

Derrière les yeux écrasés

Au milieu du froid

Il était resté

Quelque chose de faible et de demi-vivant

Qui dans son effort essoufflé

Voulait croire

En l'innocence du chant des eaux.

 

Peut-être, mais quel vide infini!

Le soleil était mort

Et personne ne savait

Le nom de cette triste colombe

Qui a échappé aux cœurs

Est la foi.

Oh, la voix emprisonnée

La majesté de ton désespoir

Peut-elle jamais pénétrer

Dans la lumière

À travers cette nuit dégoûtante?

Oh, la voix emprisonnée

La dernière voix des voix ...

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